2013/02/06

L'ennui et les choses que l'on n'écrit pas

Dans la vie, j'aimerais écrire des choses.
Ce n'est pas tant pour les dire, je crois. La communication me semble une réponse trop facile. À savoir, l'écriture pourrait avoir un rapport avec les micro-ondes.

Et toi, tu écris pourquoi, au juste?

Je pourrais aller de l'avant avec une esthétique de l'ennui. Cela constituera, à certains égards, un projet. Cela ne constituerait pas, par exemple, des chats. (J'entends "chats" au sens d'une répétition d'un procédé relevant plus ou moins de l'absurde. Dans cette séquence, "chats", substantif inusité dans l'énonciation, fait suite à "micro-ondes", lui aussi tout à fait inusité. L'absence de sens de cet ensemble, c'est-à-dire "chats" et "micro-ondes", paraît complètement absurde. Or, quand on sait que l'auteur de ces lignes a déjà mis un chat dans un micro-ondes, l'absurde fait sens. On n'échappe pas au sens, du moins pour l'instant. Il est temps de clore cette longue parenthèse avec un signe typographique qui indique que l'on clôt la parenthèse : ).

L'AUTEUR EST MORT.
TROM TSE RUETUA'L.

J'aimerais donc écrire des choses, et il convient de parler, dans la vie, des choses que l'on n'écrit pas.

Je n'écris pas un recueil de poésie.

Dans ce recueil de cent poèmes qui s'intitule Cent (où l'on trouve en fait cent-un poèmes, pour déstabiliser la vie des gens),

chaque poème est la représentation d'une même scène. Un homme se jette du haut d'une grande structure en acier. Les cent poèmes se succèdent sans vraiment faire référence, de manière explicite, à un homme qui se jette du haut d'une quelconque construction humaine faite d'un matériau qui a quelque chose à voir avec quelque alliage de métaux que ce soit. Ce n'est qu'en lisant le poème 101 que le lecteur comprend que les cent premiers poèmes font référence à une seule et même scène. Or, plusieurs lecteurs auront déjà compris la chose. Ils se sentiront experts en matière de détection de récurrence. Je pourrai ainsi flatter leur égo et, en même temps, m'en foutre cavalièrement. Ce recueil contiendra des vers merveilleux tels que ceux-ci :


Cet air, comme un œdème sur le vent
Qui perlait à travers les feux des violons
Des cris et des glas
De ce jour si long
De toi, perdu dans les soies noires
De la Machine

Le lecteur aura aussi le loisir de découvrir, à travers ces textes foncièrement ennuyants, la superbe "Machine espagnole" actionnée par "les trois vieilles anglaises". Ce n'est qu'en lisant un premier roman que je n'écrirai pas, Du feu et des cendres, qu'ils pourront comprendre ce qu'est vraiment cette machine, et pourquoi trois vieilles anglaises s'en servent afin de pouvoir faire quelque chose comme cuire des chats au micro-ondes. Nous parlerons un jour de ce roman qui n'existe pas. Le roman en question décrira en partie l'univers de Le cours naturel des choses, une trilogie fantastique écrite par aucune personne qui puisse être qualifiée "d'existante" d'un point de vue existentiel. Nous parlerons aussi de cette trilogie dans un avenir incertain.

Nous utilisons le ''nous'' royal, et non scientifique.

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