Le docteur Monzégo Fritz, du bureau de recherches sur les substrats, est aperçu pour la dernière fois sur un banc de parc alors qu'il se délecte d'un cube de sucre assez volumineux. Selon les témoins, le cube en question fait au moins 11 cm³, ce qui surprend grandement Laura Raptopoulamos, une vieille amie du docteur Fritz. " Si les témoins disent vrai, la grosseur de ce cube est pour le moins surprenante", dit-elle aux policiers qui l'interroge alors qu'elle sort d'un marché où elle achète plusieurs conserves de maïs en crème.
Fyodor Paquin, assistant-directeur à la Raffinerie de Sucre de la Métropole (RSM), commente lui aussi la disparition du docteur Fritz, qu'il considère comme un frère, ce type de frère que l'on ne connaît pas, mais à qui on se sent lié par la fraternité humaine en général : " Ce cube de sucre est effectivement un gros cube de sucre ".
Le mystère demeure quant à l'emplacement actuel du docteur Fritz dans le présent de la vie et des choses.
La communauté scientifique de la Métropole, en émoi, mobilise vingt-deux télescopes afin de participer à l'effort de recherche. Le professeur Gaëtan Garland, expert en nutrition et, selon sa propre expression, père spirituel du docteur Frtiz, affirme qu'il faut chercher dans les travaux de ce dernier des indices pouvant permettre de résoudre l'énigme. Or la communauté scientifique, comme un bloc d'ivoire indivisible, préfère mobiliser trente-trois télescopes supplémentaires, dilapidant ainsi tous ses fonds de recherche.
Hué par une cohorte de mannequins sans domicile fixe alors qu'il donne une conférence publique sur l'importance de toujours lécher son assiette, l'idée vient au professeur Garland d'aller à l'encontre des recommandations de ses collègues et de jeter un oeil aux travaux du docteur Fritz.
Il trouve ceux-ci dans le bureau du disparu. Il les trouve fort poussiéreux et mal classés. Il trouve aussi un passage très éclairant sur la situation qui l'intéresse. Comme il n'a à sa disposition que ce qu'il croit être un nombre inquiétant de pastels gras, le professeur Garland retranscrit en charades le passage en question sur un mur couleur crème.
Voici la traduction que fait Nina Uméron, une traductrice vivant dans les débris d'un cottage au bord d'un lac asséché, des charades du professeur Garland :
"Le sucre détient des propriétés. Une de ces propriétés est l'existence. Or, où commence l'existence du sucre? Où se termine-t-elle? Si le sucre existe, il existe avant, autrement que du sucre. Comme nous ne pouvons soutenir la création ex nihilo du sucre, force est de nous rabattre sur sa permanence en tant que concept et en tant qu'objet. Le sucre, au début de tout, si il n'est pas du sucre, est quelque chose. Et avant cela, ce quelque chose là est quelque chose d'autre. Et si ce quelque chose est, c'est que quelque chose est toujours. Rien - ou tout - ne commence, et donc rien - ou tout - ne se termine. Et nous, si nous terminons, ce que nous sommes après ne se termine pas. Ce qu'est le sucre est donc éternel, pour la simple raison que ce qu'est le sucre existe."Malheureusement, Nina Uméron ne termine pas la traduction et préfère manger plusieurs tartines. Il reste donc une charade à traduire, connue à travers le monde comme la fameuse "dernière Charade". Voici la transcription qu'en fait Nina Uméron, scripte professionnelle et amatrice de tartines :
"Mon premier est la mesure d'une surfaceAu grand dam de la communauté scientifique, les cinquante-cinq télescopes ne parviennent pas à résoudre la charade. Le professeur Garland, lui, est inconsolable, et sombre dans la sodomie assistée par ordinateur. Tout cela commence avec la disparition du docteur Fritz.
Mon deuxième est la 3ème voyelle de l'alphabet
Mon troisième est le bruit du serpent
Mon quatrième est le contraire de "tard"
Les anglais boivent mon cinquième à 17h.
Mon sixième n'est plus vivant"
Le docteur Monzégo Fritz, du bureau de recherches sur les substrats, est aperçu pour la dernière fois sur un banc de parc alors qu'il se délecte d'un cube de sucre assez volumineux. Selon les témoins, le cube en question fait au moins 11 cm³, ce qui surprend grandement Laura Raptopoulamos, une vieille amie du docteur Fritz. " Si les témoins disent vrai, la grosseur de ce cube est pour le moins surprenante", dit-elle aux policiers qui l'interroge alors qu'elle sort d'un marché où elle achète plusieurs conserves de maïs en crème.
Et cetera