Je suis à la table d'un café avec deux autres personnes.
Nous parlons de choses sans intérêt.
Puis, je me tourne vers un de mes interlocuteurs, un geste ou une intonation capte mon attention. Il prend les traits d'un désir flou, une forme qui se calque dans l'air, le temps ralenti un peu, les sons se taisent sans que je m'en rende compte.
J'éprouve le sentiment d'une victoire, d'un grand emportement. Je me retrouve avec un pied ou deux dans la bouche. Et je parviens à toucher son bras.
Toute la journée, je ressasse et j'ausculte ce désir. Je me pâme devant les paysages, maintenant, quelque chose de plus me relie à l’univers. Les ambiances deviennent moins amères, les conversations futiles sont parfumées de sous-entendus coquets.
Je reviens chez moi. J’écoute instinctivement une chanson. Je me rappelle mon désir, puis les traits de mon interlocuteur de plus tôt changent et se fondent avec ceux d’un ancien amant. Je me rappelle, il avait des mains qui bougeaient comme ça lui aussi, il penchait la tête à gauche en riant. Puis le désir meurt. C’est de lui que je me rappelais, dans l’autre. L’être désiré n’a plus rien d’attrayant, il n’est qu’un souvenir vivant.
Je déteste le printemps.
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