Le gars s'est réveillé, un jour.
Il s'est rendu compte qu'à l'intérieur de lui, c'était vide.
Ça ne l'a pas enchanté. Il n'était pas ce qu'on peut appeler content, il était un peu plus void. Quand il était enfant, il prenait le monde par les cheveux et il jouait au cannibale. Il voulait mettre le monde à l'intérieur de lui, et il s'est dit que la meilleure manière d'y arriver, c'était d'être pape. Mais pas le pape chrétien, une autre sorte de pape, plus éminent, moins vieux, le pape de tout.
Puis, il s'est réveillé à 14 ans et il s'est rendu compte que le monde disparaissait à mesure qu'il l'avalait. Il a écrit les "Dialogues avec le pape", et il s'est souvenu, une dizaine d'année après, que ça commençait par : "Vous êtes accusé de crime contre l'humanité" et il avait fait répondre au petit pape de tout en lui : "Oui, mais quelle humanité?".
À 14 ans, l'humanité avait cessé d'exister, ça lui était resté de travers dans la gorge. Il se mit donc à chercher l'amour, puisqu'il se disait que ça, il pouvait bien se l'entasser dans un coin au fond de lui-même et que ça le rendrait plus content. Alors il s'est mis à scruter les yeux, à les regarder de près, de loin, à voir des étincelles, et bien souvent, il finissait par les incruster. Les victimes, les yeux surchargés de pacotilles, n'y voyait pas grand chose.
À 15 ans, il avait trouvé. C'était son premier regard. Il semblait qu'une douce fumée s'en échappait, et en tirant sur sa cigarette, il avait voulu l'aspirer. Alors il mit tout en oeuvre, la discrétion, la méthode, les sciences de l'obsession amoureuse appliquées, il était discret, méthodique, faussement taciturne, faussement joyeux, inventait des codes secrets, des excuses, des herméneutiques du sourire en coin. Et, neuf ans plus tard, en lisant un livre étrangement familier, il trouverait les mots pour dire qu'il ne fît rien.
Mais il ne pouvait rien faire, sinon le peu qui meublait le vide risquait de s'anéantir.
Alors il en chercha un complètement sans intérêt. Un qui avait des yeux de verre, qui pourrait le regarder pendant que lui continue de regarder l'autre.
Découvre avec moi l'écriture malaisante, mais pas trop. Pataugeons ensemble dans les limites du banal.
2011/10/15
L'ennui et le printemps (23 mai 2011)
Je suis à la table d'un café avec deux autres personnes.
Nous parlons de choses sans intérêt.
Puis, je me tourne vers un de mes interlocuteurs, un geste ou une intonation capte mon attention. Il prend les traits d'un désir flou, une forme qui se calque dans l'air, le temps ralenti un peu, les sons se taisent sans que je m'en rende compte.
J'éprouve le sentiment d'une victoire, d'un grand emportement. Je me retrouve avec un pied ou deux dans la bouche. Et je parviens à toucher son bras.
Toute la journée, je ressasse et j'ausculte ce désir. Je me pâme devant les paysages, maintenant, quelque chose de plus me relie à l’univers. Les ambiances deviennent moins amères, les conversations futiles sont parfumées de sous-entendus coquets.
Je reviens chez moi. J’écoute instinctivement une chanson. Je me rappelle mon désir, puis les traits de mon interlocuteur de plus tôt changent et se fondent avec ceux d’un ancien amant. Je me rappelle, il avait des mains qui bougeaient comme ça lui aussi, il penchait la tête à gauche en riant. Puis le désir meurt. C’est de lui que je me rappelais, dans l’autre. L’être désiré n’a plus rien d’attrayant, il n’est qu’un souvenir vivant.
Je déteste le printemps.
Samedi, 15 janvier 2011 (Vendredi, 14 janvier 2011)
Nox : Les béates paupières du vin, ça ne me dit rien.
Aurora: ... un chameau sur une patte, c'est un flamant rose, je vais aller lui acheter du saindoux, oh, je suis en cours de stylistique, mais ça, oui, c'était hier, je meurs sur la vulgate, oui, merci, je sais, [wul.ga.te], un chat, mais elle en vomi, je ne suis pas là-bas, je suis tout petit et je me dis demain, demain oui, demain ça sera fini, il y aura des chameaux dans mon livre de stylistique, je fais des macaronis...
Die: Je ne peux pas m'empêcher de croire que je suis absolument et irrévocablement un abruti.
Crepusculum: Bilan de la journée.
Demain, je ferai mieux.
Aurora: ... un chameau sur une patte, c'est un flamant rose, je vais aller lui acheter du saindoux, oh, je suis en cours de stylistique, mais ça, oui, c'était hier, je meurs sur la vulgate, oui, merci, je sais, [wul.ga.te], un chat, mais elle en vomi, je ne suis pas là-bas, je suis tout petit et je me dis demain, demain oui, demain ça sera fini, il y aura des chameaux dans mon livre de stylistique, je fais des macaronis...
Die: Je ne peux pas m'empêcher de croire que je suis absolument et irrévocablement un abruti.
Crepusculum: Bilan de la journée.
Demain, je ferai mieux.
Samedi, 19 février 2011 (Vendredi, 18 février 2011)
Nox: Il y a des cheveux de soie dans l'air, c'est froid. Tout est... puis merde. J'hallucine. Des bibliographies. J'ai jamais compris comment ça fonctionnait, comment tout ça fonctionnait. Tout est tissé, ça tient ensemble comme dans [insérer la référence inepte], c'est même pas transcendant, c'est juste décevant.
Aurora: Prendre un café avec la Terreur, la sainte Terreur, un allongé sur la table, une cène, des coliformes, leukôs, c'est pas blanc du tout, près d'un cheval, fais-les revenir, les fins du monde, ça me manque, maman, c'est bizarre, tu étais plus vieille au téléphone, c'est un jardin et il fait chaud, il y a un magicien et puis le chapeau, ton frère est malade, on va devoir te laisser avec *** non, les choses existent encore, l'hiver, je suis toujours enfoncé dans la neige, je restais là des heures, ils vont se demander où je suis, c'était un peu comme une tombe, j'aimais les tombes, je les aime, dans un café, toujours, avec la sainte Terreur, un verre de vin et la table du salon...
Die: "C'est là que je vais rester" "Ha!" (Gorgée de café) Bonjour ***, le délire, Bonjour maman, on fait des boîtes, et oui on angoisse toujours. On se parle pour croire que les choses ont changé.
Crepusculum: Je pourrais remettre ça à demain, non, les bibliographies? À quoi bon? Occident: Une rouille qui se vautre sur la pena humana. La mort teinte d'opprobres la rosée qui rampe sur les cordes à linge. Si un jour j'écris de beaux mots, ce jour-là sera demain.
Aurora: Prendre un café avec la Terreur, la sainte Terreur, un allongé sur la table, une cène, des coliformes, leukôs, c'est pas blanc du tout, près d'un cheval, fais-les revenir, les fins du monde, ça me manque, maman, c'est bizarre, tu étais plus vieille au téléphone, c'est un jardin et il fait chaud, il y a un magicien et puis le chapeau, ton frère est malade, on va devoir te laisser avec *** non, les choses existent encore, l'hiver, je suis toujours enfoncé dans la neige, je restais là des heures, ils vont se demander où je suis, c'était un peu comme une tombe, j'aimais les tombes, je les aime, dans un café, toujours, avec la sainte Terreur, un verre de vin et la table du salon...
Die: "C'est là que je vais rester" "Ha!" (Gorgée de café) Bonjour ***, le délire, Bonjour maman, on fait des boîtes, et oui on angoisse toujours. On se parle pour croire que les choses ont changé.
Crepusculum: Je pourrais remettre ça à demain, non, les bibliographies? À quoi bon? Occident: Une rouille qui se vautre sur la pena humana. La mort teinte d'opprobres la rosée qui rampe sur les cordes à linge. Si un jour j'écris de beaux mots, ce jour-là sera demain.
Le gars et le concept (20 février 2011)
Le gars reste dans un 1½.
Il utilise le présent de l'indicatif, parce que ça fait contemporain.
Il est postmoderne comme le passé simple, de mauvais goût comme la cohésion temporelle.
-De mauvais goût-
Il a la chemise grise de son grand-père et fait des mises en contexte.
Quatre paragraphes, écrits chaque jour, pour remettre tout à demain. Dehors les nuages font des spirales déplaisantes. Il rêve à des filles mises en abîmes. Il aime beaucoup les abîmes.
Un jour se divise en quatre fois six heures, ça fait 666-6. C'est diabolique comme Arlette Cousture.
6 heures pour oublier
6 heures pour dormir
6 heures pour exister
6 heures pour en revenir.
Des fois le gars se dit : "Faut que ça soit en latin, le latin, c'est bien. C'est une question atemporelle, ce que je serai demain, c'est bien pour ça, le latin. Ça permet de dire des choses. Ça tranche avec le propos, des songes, du verre brisé, de la mémoire plate. Si vis confutuere, para dextra. C'est calqué, et dextra est peut-être même pas à l'ablatif. C'est faux, mais c'est ça, c'est du remâché, après tout."
C'est du remâché, parce que c'est ça que le gars fait dans son 1½, il se remâche.
Il utilise le présent de l'indicatif, parce que ça fait contemporain.
Il est postmoderne comme le passé simple, de mauvais goût comme la cohésion temporelle.
-De mauvais goût-
Il a la chemise grise de son grand-père et fait des mises en contexte.
Quatre paragraphes, écrits chaque jour, pour remettre tout à demain. Dehors les nuages font des spirales déplaisantes. Il rêve à des filles mises en abîmes. Il aime beaucoup les abîmes.
Un jour se divise en quatre fois six heures, ça fait 666-6. C'est diabolique comme Arlette Cousture.
6 heures pour oublier
6 heures pour dormir
6 heures pour exister
6 heures pour en revenir.
Des fois le gars se dit : "Faut que ça soit en latin, le latin, c'est bien. C'est une question atemporelle, ce que je serai demain, c'est bien pour ça, le latin. Ça permet de dire des choses. Ça tranche avec le propos, des songes, du verre brisé, de la mémoire plate. Si vis confutuere, para dextra. C'est calqué, et dextra est peut-être même pas à l'ablatif. C'est faux, mais c'est ça, c'est du remâché, après tout."
C'est du remâché, parce que c'est ça que le gars fait dans son 1½, il se remâche.
L'ennui et le concept (20 février 2011)
Le concept m'était à peine apparu qu'il m'ennuyait déjà. Trop fait, trop dit, idiot.
Il n'y avait rien à se souvenir, j'étais un peu trop en train de lire Ulysse, encore, à essayer bon, au moins j'essayais encore.
C'est ça en fait, l'ennui et le concept.
C'est une dichotomie qu'on ne dit pas. Ça devrait avoir un nom de maladie, en -ite, un genre de v-yalgie, où tout ce qui reste de la vie, c'est un espèce de glyphe de l'ambiguïté totale, mort de honte à la fin de la suite, bien que trop discret, du v-ent ou de la v-omissure. Une v-ite v-yalgique, une maladie de paumé.
" Tout va trop vite" veut donc dire "Tout fait trop mal".
C'est dans les dictionnaires d'affixes.
Le Journal du Lendemain, ça a montré à quel point ce concept-là ne me disait absolument rien.
L'ennui enchaîne le concept, le concept, c'est l'ennui.
Il n'y avait rien à se souvenir, j'étais un peu trop en train de lire Ulysse, encore, à essayer bon, au moins j'essayais encore.
C'est ça en fait, l'ennui et le concept.
C'est une dichotomie qu'on ne dit pas. Ça devrait avoir un nom de maladie, en -ite, un genre de v-yalgie, où tout ce qui reste de la vie, c'est un espèce de glyphe de l'ambiguïté totale, mort de honte à la fin de la suite, bien que trop discret, du v-ent ou de la v-omissure. Une v-ite v-yalgique, une maladie de paumé.
" Tout va trop vite" veut donc dire "Tout fait trop mal".
C'est dans les dictionnaires d'affixes.
Le Journal du Lendemain, ça a montré à quel point ce concept-là ne me disait absolument rien.
L'ennui enchaîne le concept, le concept, c'est l'ennui.
2011/10/01
L'ennui et l'été
Je me disais que je ferais de belles choses cet été.
Mais j'ai tout enluminé. J'enluminais à tour de bras. J'allais voir les gens et je leur disais de regarder mon bel emploi enluminé.
que mon travail était génial que je rencontrais plein de gens que j'avais des discussions que mon travail n'était pas un travail que j'étais payé pour m'amuser que je n'étais pas fatigué que je souriais de mon beau sourire de comic sans ms.
Mais s'il y a bien une chose que je déteste, c'est le comic sans ms.
Cet été a été chaud.
Et la chaleur m'habille comme une torpeur.
Le 24 mai 2010, j'étais près d'une église devant laquelle il y a un parc. Il y avait un mariage et il faisait frais. En traversant la rue, j'ai vu un petit garçon qui s'amusait avec son père. Je me disais que, moi aussi, j'aimerais ça aimer quelqu'un et avoir des enfants. J'aimerais ça me mettre beau juste pour quelqu'un, aller me faire faire une coupe de cheveux que je déteste juste pour entendre "T'es bin beau de même". Le célibat me pesait. J'ai décidé que si, le 24 mai 2011, je n'étais pas en couple, mieux valait passer au plan B : finir mes études et partir à l'étranger.
Puis, l'été a passé.
Je n'ai eu aucun rendez-vous galant, aucune date, aucune petite vite dans un coin sombre. J'attribuais ironiquement au fait de m'être fixé un ultimatum l'inévitable échec de ce qui devait être une chasse aux mecs sans relâche pour trouver quelqu'un de pas trop amoché par l'existence avec qui faire quelque chose qui pourrait ressembler à un échange d'affection.
J'ai même pas sorti mon douze.
J'ai continué à me couper les cheveux avec des ciseaux prismacolor.
Le 24 mai 2011, il faisait chaud en tabarnak.
Je me suis dit que, dans le fond, c'était pas si grave qu'il fasse chaud. L'été arrivait. J'avais un nouvel emploi que j'aimais vraiment. Je pourrais aller lire dans les parcs durant mes congés partir en Gaspésie j'allais rencontrer plein de nouvelles personnes on ferait des sorties.
Je suis passé près de l'église, il y avait un gars assis tout seul devant la porte qui mangeait un hamburger.
Je me suis dit que, il y a un instant,
Je me disais que je ferais de belles choses cet été.
Mais j'ai tout enluminé. J'enluminais à tour de bras. J'allais voir les gens et je leur disais de regarder mon bel emploi enluminé.
que mon travail était génial que je rencontrais plein de gens que j'avais des discussions que mon travail n'était pas un travail que j'étais payé pour m'amuser que je n'étais pas fatigué que je souriais de mon beau sourire de comic sans ms.
Mais s'il y a bien une chose que je déteste, c'est le comic sans ms.
Cet été a été chaud.
Et la chaleur m'habille comme une torpeur.
Le 24 mai 2010, j'étais près d'une église devant laquelle il y a un parc. Il y avait un mariage et il faisait frais. En traversant la rue, j'ai vu un petit garçon qui s'amusait avec son père. Je me disais que, moi aussi, j'aimerais ça aimer quelqu'un et avoir des enfants. J'aimerais ça me mettre beau juste pour quelqu'un, aller me faire faire une coupe de cheveux que je déteste juste pour entendre "T'es bin beau de même". Le célibat me pesait. J'ai décidé que si, le 24 mai 2011, je n'étais pas en couple, mieux valait passer au plan B : finir mes études et partir à l'étranger.
Puis, l'été a passé.
Je n'ai eu aucun rendez-vous galant, aucune date, aucune petite vite dans un coin sombre. J'attribuais ironiquement au fait de m'être fixé un ultimatum l'inévitable échec de ce qui devait être une chasse aux mecs sans relâche pour trouver quelqu'un de pas trop amoché par l'existence avec qui faire quelque chose qui pourrait ressembler à un échange d'affection.
J'ai même pas sorti mon douze.
J'ai continué à me couper les cheveux avec des ciseaux prismacolor.
Le 24 mai 2011, il faisait chaud en tabarnak.
Je me suis dit que, dans le fond, c'était pas si grave qu'il fasse chaud. L'été arrivait. J'avais un nouvel emploi que j'aimais vraiment. Je pourrais aller lire dans les parcs durant mes congés partir en Gaspésie j'allais rencontrer plein de nouvelles personnes on ferait des sorties.
Je suis passé près de l'église, il y avait un gars assis tout seul devant la porte qui mangeait un hamburger.
Je me suis dit que, il y a un instant,
Je me disais que je ferais de belles choses cet été.
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